Guy Pegere La Cuesta Tropicale de Beaumont-Bournoncle 43

Guy Pegere La Cuesta Tropicale de Beaumont-Bournoncle 43

Approche Géologique «de la Cuesta Tropicale» de Beaumont à Bournoncle-Saint-Pierre 43

 

Approche Géologique

«de la Cuesta Tropicale»

de Beaumont à Bournoncle-Saint-Pierre

 

 

Chateau Féodal de La Roche 43 inventaire Guy PEGERE.jpg

 

Introduction :

 

Les fossés limagnais asséchés de l’Auvergne sont la conséquence de l’exondation définitive due au passage d’eau douce et aux salinités diverses. Ces salures élevées provenaient des lagunes inondées par des méandres de mer dues aux émersions du bassin parisien. La dépression de Beaumont à Bournoncle-Saint-Pierre présente la particularité d’une topographie en fossé tectonique suivi d’une érosion différentielle. Ce relief en creux structural se trouve compartimenté entre deux failles parallèles. Elles sont orientées nord/sud sur une distance d’un peu moins de trois kilomètres de l’assise Marno–calcaires du village de Beaumont, au neck volcanique de Laroche. Un château féodal en ruine se situe sur le neck entièrement déchaussé par l’érosion. Les fractures tectoniques ont provoqué des émergences d’eaux minérales carbogazeuses stagnant dans les prairies dites salées. Le jaillissement plus substantiel de la source de Saint-Géron sera capté depuis l’époque Gallo-romaine.

 

La petite plaine de Beaumont à Bournoncle-Saint-Pierre se caractérise par sa Cuesta (nom espagnol qui signifie «côte») qui actuellement frappe le regard. Entendons par relief en Cuesta une structure géologique stratifiée où s’alternent roches résistantes et roches meubles. L’érosion différentielle a dégagé les couches tendres argileuses et laisser les calcaires en reliefs, ce qui donnera un profil haut pour les couches dures et concaves pour les couches tendres. Un relief assez révélateur au profil de Cuesta puisque on n’y découvre des revers d’érosions, un profil concave argileux entre des strates de calcaires durs, consécutif aux lentes érosions depuis des millions d’années.

 

On peut se reporter au croquis géologique structural, qui peut représenter une carte postale pour les non expérimentés dans les lectures de paysages. La dépression de Beaumont à Bournoncle-Saint-Pierre offre un espace de géographie physique, mais pour le géologue elle sera d’approche géomorphologique. Son paysage peut prétendre à une démarche pédagogique dans les différents cycles d’enseignements. Pour ma part, j’y ai conduis un groupe de randonneurs à thème, dans le cadre des découvertes d’espaces naturelles proposées par l’A.P.R.O.M.I.V.A.L (1984).

 

L’histoire géologique de la dépression de Beaumont à Bournoncle-Saint-Pierre avec ses calcaires disloqués et redressés suite à des mouvements verticaux tectoniques, s’inscrit en même temps que la genèse des Limagnes du Massif-Central. Brioude, Issoire et Clermont-Ferrand forment les plus vastes plaines d’effondrements, elles sont concordantes aux escarpements des lignes de failles provoquaient par les plissements de la chaîne alpine. Les dénivellations qui s’imposaient alors dans le paysage se remplirent de produit d’érosion pendant l’Oligocène et le Miocène. Périodes géologiques qui s’étendent pour la plus ancienne de 33 à 23 millions d’années et pour la plus récente de 23 à 6 millions d’années.

 

On relève, de bas en haut, dans la constitution stratigraphique sédimentaire de la Cuesta de Beaumont à Bournoncle-Saint-Pierre et dans les cycles d’érosions :

 

Des argiles et des sables argileux :

 

La séquence de marne argileuse constitue la plus grande partie du remplissage Oligocène, elle est la continuité du bassin de Brioude. Un sondage de recherche de charbon en 1906 à Cohade atteint la houille après avoir traversé 358 mètres d’argiles. Ce sont des argiles-marneuses rouges et vertes (versicolore des anciens auteurs) qui repose sous des formations sédimentaires sablo-argileuses.

 

Des calcaires récifaux :

 

Les lambeaux de calcaires siliceux blanchâtres de 5 à 10 mètres d’épaisseur ont un faciès en encroutements mamelonnés provoqué par l’activité biochimique des algues. Ils sont qualifiés de calcaires dits en chou-fleur par Henri Pelletier (1969). Ces roches sont revêtues successivement par des micro-organismes du type chlorespllopsis, on en retrouve plus au nord dans la grande Limagne de Clermont-Ferrand

 

Les calcaires à phryganes (insecte larvaire aquatique) qui édifient des fourreaux cylindriques, ne laissant pour certains apparaître que leurs indusies. Leurs formations sont rapportées à l’Oligocène supérieur. Calcaires à Cypris (crustacé ostracode), d’Helix Ramondis, de Potamides Larmacki et de Striarelles. Cette faune aquatique a été formée dans des lacunes peu profondes d’eau douce et d’eau à la salure élevée. Cette séquence lagunaire de boues calcaires durcies est rapportée à l’Oligocène supérieur (Stampien). Dans le paysage on reconnaît ces roches calcaires en tables inclinées d’un regard Est et au pendage de 20, déblayés par l’érosion de la petite dépression d’une morphologie propre aux Cuesta

 

Les formations calcaires les plus élevée, dont Le Montlaizon, son en inversions de reliefs et forme un creux de 88 mètres perpendiculaires au front de la Cuesta, disposition dite : orthoclinale. Cette Cuesta n’échappe pas à la règle on ne lui connaît pas de rivière occupant sa surface d’aplanissement. Seules des ruisselets de déversement cataclinal qui émergent en facettes trapézoïdales des versants cristallins Ouest. Contingence structurale observée par le géographe et écrivain de la terre d’Auvergne Lucien Cachon dans sa note «La dépression de Beaumont à Bournoncle-Saint-Pierre (1934)».

 

Pierre Aimé Pissis (1836), mentionne dans son «Esquisse Géognostique des environs de Brioude» l’existence d’une faune de mollusques pulmonés, en l’occurrence des limnées, dans une couche de calcaire qui n’a pas plus de deux pouces d’épaisseur et qui s’étend à peine sur quelques mètres. Pierre Joseph Aimé Pissis, naquit à Brioude en 1812, entra à l’École Polytechnique puis à l’École des Mines et partit à l’Université de Santiago du Chili en 1837, il sera professeur de géologie et minéralogie et auteur de nombreux mémoires.

 

Les couches calcaires seront utilisés de l’époque Gallo-romaine à la fin du XIXème siècle, comme chaux hydraulique et au chaulage des terres. Pour cela, on calcinera le calcaire dans une douzaine de fours artisanaux. A Brioude, au terroir de La Borie d’Arles, le conseil municipal envisageait le 11 mars 1808, la calcination de la pierre à chaux avec le miroir ardent de Buffon, suite à la pénurie de combustible traditionnel (charbon/bois). Le dernier four à chaux en activité remonte à 1930 au terroir voisin de la Chaunière. On utilisa la chaux de ce fourneau pour reconstruire le pont de la Bageasse sur l’Allier écroulé par la crue de 1783.

 

Pendant l’exploitation des carrières à chaux en 1836, Claude Jourdan professeur d’université en zoologie et directeur du musée de Lyon, découvrent le gisement fossilifère de La Roche-Bournoncle, dans la propriété Roux à Barlière. Ce gîte sera ensuite exploré par Auguste Bravard. Marcellin Boule le situe à environ à 33 millions d’années soit à l’oligocène moyen (sannoisien) il y identifia : -Acerotherium (Rhinocéros), -Cadurcothérium (petit Cervidé), -Entelodon (cochon tueur avec des joues et une mâchoire inférieur particulièrement développés).Auguste Bravard, Ingénieur des Mines, se tourna vers la paléontologie et sera nommé directeur du Musée d’Histoire Naturelle à Paraná (Argentine). Il disparut dans le tremblement de terre de Mendoza, en 1861, une rue d’Issoire d’où il était natif porte son nom.

 

Les qualités versicolores des couches calcaires ont été utilisées en matériaux d’ornement de l’époque gallo-romaine à la fin du XVIIIème siècle. Notamment le remarquable marbre, dit de Lauriat, aux couleurs rouges dues aux oxydes de fer et blanchâtres par les veinules de calcite. J’ai trouvé sur le site Gallo-romain de la fontaine Saint-Julien de Brioude, des fragments de colonnes de patio constituées en marbre de Lauriat du bel effet.

 

Entre la carrière de Lauriat et le château à l’hyponyme je découvris dans les labours des fragments de céramiques Gallo-romaine. Pour mémoire, un habitat de cette civilisation sera découvert sous le versant sud du Montlaizon, en 1850 par l’abbé Croizet curé de Neschers près d’Issoire, alors en vacances chez un oncle à Bournoncle-Saint-Julien.

 

Des arkoses :

 

Niveau à la disposition stratigraphique mal définie, constitué : d’arkose à débris, de sable feldspathique, de grès à ciment siliceux formé de quartz microgrenu. Ce conglomérat au faciès détritique grossier fait d’éléments soudés, a été attribué à l’éocène précoce il y a 40 millions d’années.

 

Des latérites :

 

On conçoit les latérites à l’Éocène tardif il y a 35 millions d’années et aux limites de l’oligocène, elles seraient les derniers témoins d’un monde tropical relatif aux saisons sèches. Perceptible en angle rentrant dans les roches cristallines de la bordure Ouest de la Cuesta en-dessous du château de Fougère.

 

Timbre George Sand collection Guy PEGERE.jpg

 

Une parenthèse avec George Sand en 1859,

sous le charme du relief de la «Cuesta » :

Lors de son deuxième voyage en Auvergne

le 17 juin 1859, la célèbre écrivaine

George Sand dira être saisie par le rocher

volcanique du château de Laroche.

Elle décrit les évolutions paysagères transversales de Beaumont-Laroche comme des curiosités géologiques. Les chaufourniers, lui ont-ils montrés les ossements fossiles de mastodonte de 35 millions d’années, qu’ils découvraient pendant l’extraction du calcaire, c’était devenu une curiosité locale ?

 

La Dame de Nohant était passionnée de minéralogie et subjugué par les merveilleuses transformations du règne minéral, elle l’exprimait dans son récit en 1875 : «Le Marteau Rouge». Elle constitua une collection personnelle enrichie de ses propres recherches. Lors de ses voyages géologiques elle saisissait la métamorphose des paysages en les qualifiant de fait Plutoniens sur l’écorce terrestre. Ce terme démontre sa compétence, puisqu’il fut introduit dans un contexte géologique en 1794 par le naturaliste irlandais Richard Kirwan.De passage au Puy la romancière rend une ultime visite à Auguste Aymard. Le savant archéologue lui fera découvrir le Mont-Denise qui domine la ville. Nul doute qu’ils échangèrent sur la découverte dans les scories du volcan de l’homme fossile en 1844, son ancienneté sera contredite par la suite.

 

Guy PEGERE 1977

 

 

 



07/11/2015
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